nos chouchous de la rentrée 2011 (fin)


Betty, de Arnaldur Indridason
éditions Métailié 


Dans ma cellule je pense à elle, Bettý, si belle, si libre, qui s’avançait vers moi à ce colloque pour me dire son admiration pour ma conférence.

Qui aurait pu lui résister. Ensuite, que s’est-il passé ? Je n’avais pas envie de ce travail, de cette relation. J'aurais dû voir les signaux de danger. J'aurais dû comprendre bien plus tôt ce qui se passait. J'aurais dû… J'aurais dû… J'aurais dû… Maintenant son mari a été assassiné et c’est moi qu’on accuse. La police ne cherche pas d’autre coupable. Je me remémore toute notre histoire depuis le premier regard et lentement je découvre comment ma culpabilité est indiscutable, mais je sais que je ne suis pas coupable. 

notre avis
Le nouvel Indridason est surprenant et réjouissant : ce n’est pas une aventure de son personnage habituel, le commissaire Erlendur, mais un roman noir qui respecte tous les codes du genre : femme fatale, mari riche et violent à supprimer, et le pigeon qui se laisse entrainer à commettre l’irréparable, et va en payer les conséquences sans même gagner l’amour de la belle. On se croirait vraiment dans un roman de la mythique série noire américaine (on pense par exemple au « facteur sonne toujours deux fois »), n’étaient quelques éléments dissonants qui sont les bienvenus, et qu’on ne peut dévoiler sans vous gâcher tout le plaisir procuré par ce livre !


Deux romans qui se font écho autour de la guerre d’Espagne 

Dans le tourbillon, de José Antonio Labordeta
 éditions Attila 

Un homme est attaché à un arbre, avec sa mule en train de pourrir au soleil.
Il ressasse les événements qui l'ont mené là. A cette scène centrale, obsédante, ramènent tous les autres épisodes du roman. Devant les rumeurs d'un soulèvement militaire dans un village de montagne, deux clans se sont formés. Les tensions, pourtant, convergent toutes vers Braulio, l'usurier, qui s'est rempli les poches avec l'argent des uns et des autres. Une horde d'excités décide de lui régler son compte.

Mais les choses ne se déroulent pas comme prévu... et une chasse à l'homme commence à travers une nature desséchée par un soleil de plomb.


Maquis, de Alfons Cervera 
éditions La Fosse aux ours 

 
A Los Yesares, dans la province de Valence, des hommes et des femmes continuent à combattre la dictature franquiste après le fin de la guerre civile.
Maquis, véritable chanson de geste des humbles et des humiliés de l'histoire, est le récit de ces temps difficiles. Alfons Cervera (né en 1947) restitue avec force la mémoire des vaincus. 



notre avis
Dans les deux cas, on suit un groupe d’hommes d’un village reculé en proie aux conséquences de la guerre plutôt qu’à la guerre elle-même : après les combats, les larges plaies ouvertes dans la société continuent de saigner. Et surtout, le fascisme s’installe, durablement.
Deux récits courts, à l’écriture forte, pour rappeler que la guerre ne se termine pas à la fin des combats, mais répand son venin pendant des années, dans les mémoires et dans les cœurs des survivants.