Mémoire morte de Donald Westlake


Mémoire Morte,
Donald Westlake,
Editions Rivages

On est presque toujours déçu à la lecture d’un inédit publié après la mort d’un auteur qu’on aime.

Rien de tel avec le « dernier » Donald Westlake,  probablement écrit dans les années 60 mais jamais publié de son vivant. Ce roman plein d’ombres tranche sur la plupart de ses écrits, que ce soit la série Dortmunder, ces polars humoristiques mettant en scène un cambrioleur génial et malchanceux, ou celle beaucoup plus froide écrite sous le pseudonyme de Richard Starck

On est ici dans la veine de ses quelques romans noirs, comme le fameux  Couperet , mais il a rarement été aussi désespéré. La trame est toute simple, et plutôt classique: à la suite d’une agression, un homme perd la mémoire et sa vie bascule - mais le traitement qu’il en fait est vraiment hors des normes du roman noir. Ici, pas de révélation fracassante, pas de mémoire retrouvée et de justice rendue, juste une lente disparition de la personnalité de son « héros » : il ne se rappelle rien, ne se reconnait pas, et continue de tout oublier, jusqu’à se perdre.

Pas de pirouette finale, pas de cynisme non plus, mais une terrible interrogation sur l’identité, qui ne trouvera pas de réponse.

La description clinique des faits et gestes de Paul, de ses angoisses, de sa lente mais inéluctable progression vers le néant, renforce encore le sentiment d‘étrangeté et le malaise qui nous envahissent et nous fascinent.

Un grand Westlake !