Rencontre avec René Frégni jeudi 12 mai à 19h
L'automne en Provence est limpide et bleu, ce n'est pas une saison,
c'est un fruit : les touristes sont partis, la nature exulte dans une
profusion de couleurs et d'odeurs. Mais si l'écrivain-flâneur célèbre
avec sa sensualité coutumière Manosque et la campagne provençale, il est
avant tout attentif à ceux qui vivent dans les recoins de la société,
les pauvres, les fous, les errants dont il se sent frère, et dont il
parle sans apitoiement. Il y a Pierre, maigre silhouette traînant sur
les petites routes chaque matin pour y photographier tous les rebuts
qu'il trouve. Ou les co-inculpés d'un procès à Digne dans lequel
l'auteur a été jadis impliqué : le spectacle judiciaire est un morceau
de bravoure. On trouve aussi un magnifique portrait de Joël Gatefosse,
célèbre libraire de Banon, qui a transformé la minuscule librairie du
village en une étonnante cité de mots, de rêves et de rencontres. avant
de faire faillite.Une émotion sincère et simple vibre dans chaque page,
qu'il s'agisse de raconter la mort d'un chat ou la surprise d'entendre
une femme qui jouit dans la maison d'à côté. Les femmes sont ici très
présentes, que ce soient les servantes d'auberges longuement
contemplées, ou Isabelle, « la fiancée des corbeaux », auprès de qui
l'écrivain trouve paix et bonheur. Ou encore la femme du facteur : son
mari est si fier de sa belle poitrine qu'il vient un jour apporter à
René Frégni une photo de ses seins, afin qu'il les place dans un de ses
livres. C'est désormais chose faite.
René Frégni est né le 8 juillet 1947 à Marseille
Dès l'entrée au CP, il
subit les moqueries des enfants qui l'appellent "quatre oeil". Blessé,
René jette ses lunettes et n'en portera plus jusqu'à l'âge de 19 ans. Il
rate sa scolarité et traîne, toute sa jeunesse, avec une bande de
chenapans dans les rues de Marseille.
Déserteur à 19 ans, il vit cinq ans de petits boulots à l'étranger sous une identité d'emprunt puis revient en France.
Déserteur à 19 ans, il vit cinq ans de petits boulots à l'étranger sous une identité d'emprunt puis revient en France.
Il
a connu une existence mouvementée avant de se consacrer à l’écriture.
Il a exercé divers métiers, dont celui d’infirmier psychiatrique, et a
longtemps animé des ateliers d’écriture à la prison des Baumettes de
Marseille.
Lors de son séjour en
prison militaire, il découvre tour à tour les grands écrivains qui
l'accompagneront toute sa vie : Giono, Céline, Camus et Flaubert. C'est
là aussi qu'il écrit son premier poème : il ne lâchera plus ni son
cahier ni son stylo. Quarante ans d'écriture et d'évasions.
Il est aujourd'hui l’auteur d’une quinzaine de livres, imprégnés de ses voyages et de son expérience avec des détenus.
L’essentiel de son œuvre est disponible dans la collection Folio-Gallimard.
La
ville est au centre de tous les romans qu'il écrit mais chaque page
traverse des forêts, des hameaux perdus, des plateaux sauvages. Toute
l'oeuvre chemine entre la noirceur des hommes, la lumière de la mer et
la beauté des femmes. Son âme est Manosquine autant que Marseillaise.
Il écrit également des livres pour enfants.
La plupart de ses romans ont reçu un Prix littéraire et sont traduits en 6 langues.